Dans la baie de Quiberon

Dans la baie de Quiberon

lundi 21 février 2011

Le livret de messe -------------- cliquer sur les éléments pour les agrandir



Tribute to Uncle Oliver - par Sixtine

Ma si incroyablement gaie Tante Caro,
Mes cousins chéris,

Pour si exaltante qu'elle soit, la vie de l'autre côté de la flaque devient néanmoins une punition lorsqu'elle vous éloigne de ceux que vous aimez dans les moments importants.
C'est techniquement compliqué de vous rejoindre, j'en suis malade, mais je me console avec la communion des saints : je serai donc avec vous en "divino-conférence", demain matin à la messe de 8H00 à Saint Vincent Ferrer, avec les rombières et les latinas du quartier.

Mais surtout....
Au nom des Guernesey qui grattent,
au nom de ses commentaires ironiques sur ma coiffure savante d'ado supposée rebelle et de mes jeans pas si larges finalement,
au nom des 1241 steacks hachés et 312 kg de patates carrées partagés avec oncle Olivier rue Louis Philippe,
au nom de son humour et de sa curiosité exigeante,
au nom des peintres officiels de la Marine, qui ont raté une occasion d'adouber un nouveau talent,
au nom, plus que tout, de l'immense tendresse que j'ai pour vous tous, soyez sûrs et certains que mon coeur et mes pensées sont absolument avec vous...
Je vous embrasse plus qu'affectueusement,
Sixtine

Sixtine Leon Dufour
50 E 64th St
New York NY 10065
USA

vendredi 18 février 2011

Eglise de Carteret, 16 février 2011





Papa,

quelle chance d'avoir pu constater ton apaisement, ton calme, au moment d'aller rejoindre ceux que tu aimes, et qui t'avaient précédé dans l'autre vie.

Particulièrement Benoit qui peut enfin t'offrir à nouveau son sourire d'enfant, dont tu as fini par avouer tout récemment qu'il t'avait tant manqué.

Lorsque tu nous as appelés auprès de toi en ce début d'année, nous avons une fois de plus, été bluffés par ta résistance, à la douleur et aux traitements qui étaient infligés à ton corps, afin de faire encore fonctionner timonerie, salle des machines ou onduleur comme tu aurais pu évoquer ton organisme.

C'est que, avec toutes ces années de combat et de volonté, tu étais devenu un spécialiste très pointu du monde médical, à la grande incrédulité de la profession devant ton pedigree de patient.

De notre côté, tout ceci finit presque par être vécu comme une routine, à tel point que l'on a encore pu voir maman compatir pendant de longues conversations téléphoniques avec ses amis : " oh mon pauvre coco, ton jardin a été labouré par les taupes" ou bien "quelle tuile, ton fils s'est cassé le bras"; pour finir par glisser que papa était très souffrant, encore, mais qu'il se remettrait une nouvelle fois en selle...

Ta combativité, donc, et le soutien inconditionnel de maman, ont permis à ton équipage de se souder une fois encore, de se réunir, vivre, rire et pleurer, boire et manger, se fâcher et se réconcilier, ou évoquer ses souvenirs.

Ton existence fut menée en affrontant l'adversité et dans l'exigence du devoir accompli, avec la discrétion et la modestie - parfois agaçantes - dont tu as toujours fait preuve.

Mais nous avons vécu avec toi, papa, au long cours d'une vie qui ne manquait pas de sel, marquée par les évènements familiaux et amicaux, nombreux et joyeux, notamment ici, à Carteret.

Le Cotentin, si cher à ton coeur, fut le berceau de souvenirs forts, au sein de notre famille proche - la grande fratrie issue de Mummy et Georges, mais aussi cette pléthore de cousins ou amis, plus éloignés par le sang, mais tout aussi proches, finalement.

Et Baubigny ! Nos barbecues, ces souvenirs de pêches miraculeuses, lorsque nous passions sur un banc de maquereaux au large du Pou, les moutons dans le champ, que jamais nous ne parvenions à attraper, les escargots dont nous organisions des courses, sur la dalle derrière la maison.

Baubigny, point de départ de nombreuses et magnifiques ballades en vélo. " A bicyclette, te dis-je, nom d'une pipe !"

Personne n'ayant connu le Presbytère de Baubigny n'aura oublié le confort d'une certaine cabane au fond du jardin, et, tes enfants l'espérent, toi encore moins que les autres.

Ceux qui te connaissent bien savent également que cette vie put être jalonnée de frustrations, de peines et de colères rentrées - ou exprimées avec puissance, comme de belles tempêtes sur le sentier des douaniers, ou dans le raz Blanchard.

Le choix de vous installer, maman et toi, dans le Morbihan t'a encouragé à laisser libre cours, ces dernières années, à ta passion pour la peinture.

Ton cousin jean-Pierre t'avait peut-être inoculé ce virus quand enfant, il t'avait emmené sur son porte bagage du côté de chez tante J, à Trôo; la beauté des côtes morbihanaiseset les contrastes de lumière propres à la Bretagne, t'ont décidé à faire glisser le pinceau sur la toile, et laisser enfin s'exprimer ton immense sensibilité.

Ta dernière exposition, reportée plusieurs fois et finalement aboutie en novembre dernier fut une réussite, la manifestation d'un certain talent, et une ultime occasion d'être entouré de ceux que tu aimes.

Cet acharnement à déjouer tous les pronoctics t'a par dessus tout permis de voir ta plus belle oeuvre, celle dont tu peux être d'une fierté sans limite : ta famille, tes enfants et petits enfants qui sont tous ici pour te rendre hommage, et te remercier de t'être battu.

Aujourd'hui, de Hugo à Sandro, l'équipage de Tahoma, les St O, Rosset, Mancuso ou Brouillot - beaucoup d'O certes, mais quoi de plus normal pour un amoureux de la mer et des bateaux - ta fratrie importante, tes amis nombreux et fidèles, nous sommes tous venus te témoigner notre admiration et te rappeler notre amour.

Nous quittons donc maintenant la coupée, et te laissons larguer les amarres, toi qui as passionnément aimé l'eau, tant qu'elle n'était pas contenue dans un verre.

Puisses tu maintenant naviguer en paix, voguer cers ceux que tu as particulièrement aimés, Bon Papa et ton père Georges, Mummy et Barbara, fendre l'écume vers tes amis déjà partis, Jacques, Bruno ou Jean Denis.

Surtout, n'oublie pas d'ouvrir quelques huitres et de déboucher de bonnes bouteilles avec ton vieux copain Jean-Luc, pour évoquer les fortunes de mer, le bon temps passé, et les grandes familles avec leurs histoires et leurs richesses.

Bon vent, bonne mer, papa !

jeudi 17 février 2011

Eglise de Crach, 15 février 2011


Cher Papa,

De là ou tu te trouves, tu as entendu la beauté des chants préparés par tes amis de la chorale et de l'assemblée. Je suis sûr que tu as apprécié.

Que tu nous en as laissé de temps pour nous préparer à ce moment...

En bon ingénieur et marin que tu fus, tu aurais dit de ton organisme qu'il continuait de faire son office, bravant les tempêtes et se réjouissant des zones de calme, malgré une salle des machines fonctionnant partiellement, quelques pièces défectueuses, un ou deux cylindres manquants et de ci de là, quelques bosses sur la coque.

Il faut dire, malgré la modestie et l'effacement qui t'ont toujours caractérisé, que tu sus rester fidèle à ta ligne de conduite, affrontant avec courage les nombreuses épreuves auxquelles tu fus confronté.

Tu l'as méritée plus que d'autres cette belle vie morbihannaise, qui t'a vu, enfin libéré de tes responsabilités professionnelles et familiales, te donner pour objectif de te faire plaisir.

Grâce à la bagarre incessante que tu as mené contre ton corps récalcitrant, grâce au soutien sans faille de maman, toujours présente, combative et optimiste, vous avez gagné quelques années parmi les plus belles de votre existence.

Tu as ainsi pu naviguer dans les eaux bretonnes avec tes copains Jean-Luc ou Emmanuel, consacrer du temps à tes après-midi ou soirées de bridge, pour lequel ton esprit était formaté, tout en prenant du bon temps avec tes partenaires et adversaires.

Au cours de ces activités, Bacchus, un ami fidèle, n'était jamais en reste, apportant ce qu'il faut de joie et d'insouciance.

Tu as également pu laisser libre cours à ta passion pour la peinture, inspiré par la beauté de la lumière bretonne et les superbes paysages du Morbihan.

Le plus important de tout cela est que tu as pu voir grandir ta famille, et tes 13 petits enfants, avec chacun desquels tu as su développer un rapport personnel, et partager ton amour de la musique ou du pinceau.

Oui Papa, tu nous en as laissé du temps pour nous préparer, et malgré cela, nous avons accueilli ton départ avec incrédulité, finissant presque par te croire un surhomme.

Tu as maintenant rejoint ce ciel bleu de cobalt que tu nous faisais remarquer encore ces derniers jours.

Sois paisible Papa, et fier de ta famille et de tes amis, qui sont réunis ici pour te rendre ce dernier hommage, te manifester leur admiration pour ton courage, et la dignité dont tu as toujours su faire preuve.

Sois en paix, Papa, notre amour t'accompagne, et nous garderons souvenir de ces années heureuses que tu as su arracher par ta seule volonté.